Parents dépassés, enfants déracinés : quand le virtuel prend le pouvoir sur le réel
Il est de plus en plus courant d'observer des parents, pourtant bienveillants, se sentir dépassés et impuissants face à leurs propres enfants. Ce ne sont pas des parents maltraitants ou négligents, mais des parents modernes et informés, souvent aimants, qui se retrouvent littéralement débordés par un monde qu'ils ne comprennent plus : celui dans lequel leurs enfants évoluent, un monde virtuel, liquide, sans repères solides.
Les tentatives de communication se heurtent à un mur. Les enfants n'écoutent pas, les règles sont contournées, et la voix des parents semble s'éteindre dans le vacarme des écrans, des notifications et des flux permanents. Le problème ne réside pas dans un manque d'autorité au sens strict, mais plutôt dans un vide de sens et une dissolution des repères essentiels.
L'effacement de la réalité
Les écrans, les réseaux sociaux, les avatars, les jeux en ligne, les likes ont généré une profonde mutation cognitive et émotionnelle. Les enfants et adolescents ne vivent plus dans le même monde que leurs parents. Ils sont immergés dans une réalité augmentée, souvent déconnectée de la vie concrète, celle où l'on communique en face à face, où l'on expérimente l'ennui, la frustration, l'effort et la lenteur. Paradoxalement, de nombreux parents ont eux-mêmes abdiqué, glissant dans le tout-numérique et le tout-immédiat, oubliant de transmettre des qualités fondamentales comme la patience, l'écoute, la parole incarnée et la pensée critique.
Une autorité confondue avec la brutalité
Dans ce contexte, l'autorité parentale est souvent perçue comme de l'autoritarisme dès qu'elle ose poser une limite. La diabolisation de l'interdit et l'assimilation de la fermeté à de la violence ont laissé les parents dans une position précaire : celle du "copain compréhensif" ou du "gendarme fatigué". Aucun de ces rôles ne permet à l'enfant de se construire. L'enfant a besoin d'un adulte solide, cohérent, enraciné dans le réel, non d'un parent qui le flatte ou le craint.
Le virtuel ne remplacera jamais le lien
Il ne s'agit pas d'un plaidoyer pour un retour en arrière, mais de retrouver le sens d'une transmission vivante. Il est crucial de redonner leur place aux paroles vraies, aux silences habités et aux gestes simples : lire un livre ensemble, cuisiner, marcher, dessiner, parler de ce que l'on ressent, sans écran interposé. Le virtuel peut être un outil formidable, mais il ne doit jamais devenir une fuite hors du monde.
Réapprendre à être parent, c'est d'abord revenir à soi
Avant de vouloir comprendre leurs enfants, les parents doivent se recentrer sur eux-mêmes. Se demander ce qu'ils souhaitent transmettre, quelles valeurs sont encore vivantes en eux et quel monde ils désirent incarner. C'est de cette clarté intérieure que naîtra un socle stable et une présence fiable pour leurs enfants, loin d'une anxiété supplémentaire.
Les enfants n'ont pas besoin de parents parfaits, mais de parents réels, ancrés, présents. Des parents qui osent dire non, qui expliquent et qui tiennent bon. Des parents qui montrent qu'il existe une autre manière de vivre que celle des flux numériques et des identités flottantes.
C'est à ce prix que nous pourrons, ensemble et en séance, contribuer à redevenir une civilisation réfléchie, consciente et humaine.
Si vous vous reconnaissez dans ces défis et souhaitez être accompagné dans votre rôle parental, Valérie Grumelin, thérapeute spécialisée en thérapie familiale, est à votre écoute. N'hésitez pas à prendre rendez-vous pour une consultation afin de bénéficier d'un soutien adapté.



