
Article publié sur le site Natecia Lyon 1 ere partie

2ème partie
L’infertilité
Le désir d’avoir un enfant est le résultat espéré de l’amour entre deux personnes. Il peut donc être très frustrant de rencontrer des difficultés à avoir la progéniture que vous souhaitez tellement. Vous avez peut-être évité de tomber enceinte pendant des années et au moment où vous décidez que c’est le moment, vous n’y arrivez pas. Votre rêve commun devient un obstacle à votre vie quotidienne. Vous essayez, vous espérez, vous attendez, vous recommencez et chaque tentative devient un peu plus difficile à gérer.
La prise de conscience de l’infertilité
La plupart des couples qui rencontrent des difficultés pour avoir des enfants sont tout d’abord stupéfaits. En effet, beaucoup imaginent que la grossesse arrive naturellement une fois la contraception interrompue. Quand ce n’est pas le cas, il faut alors remettre en question certains éléments : la vie de famille, le sens de la vie, du mariage…
Les conséquences psychologiques de la découverte de l’infertilité sont souvent sous estimées. « Quand mettre au monde un enfant devient une obsession, quand la blessure narcissique s’allie à un sentiment de culpabilité et d’impuissance, on se sent différent des autres, exclu » .
Les examens médicaux de l’infertilité
Aujourd’hui, les améliorations concernant l’Assistance Médicale à la Procréation ont permis d’augmenter la diversité et la disponibilité des interventions destinées à assister les couples en vue d’une grossesse. Grâce à une batterie de divers examens qui vont apporter des informations à votre médecin, celui-ci pourra identifier le problème et proposer une orientation thérapeutique. Cependant, inutile de se voiler la face, ces examens sont souvent fatigants et toujours très stressants, ils peuvent même devenir rapidement envahissants. Toutefois, malgré son caractère intrusif, cette phase est néanmoins primordiale. Cette étape peut s’accompagner de culpabilité, de rancune, de honte de colère… C’est tout à fait légitime. Vous pouvez aussi essayer de voir le côté positif : qui dit identification, dit traitement adéquat. Que ce soit grâce à l’insémination artificielle avec sperme du conjoint (IAC), la fécondation in Vitro (FIV), ou l’injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI), la perspective de véritables solutions est souvent rassurante. La décision de l’orientation, sera alors prise entre vous, votre partenaire, et votre médecin.
Les conséquences de ces difficultés pour les couples
▪ De nombreuses personnes ne réalisent pas qu’ils ne sont pas les seuls et que plus d’un couple sur 6 éprouve des difficultés identiques
▪ Ne pas réussir à concevoir un enfant, est encore trop souvent synonyme de honte de tabou et de clandestinité : les partenaires se replient peu à peu sur eux-mêmes, s’isolent, voient de moins en moins leurs amis ou leur famille, de peur d’être confrontés à ces questions lancinantes qui les panique, comme par exemple « vous nous le faites pour la noël cette année ? », « où en êtes-vous pour le bébé ? »ou alors pire encore « vous n’y arrivez toujours pas ? ». Ils ne supportent pas de rencontrer des couples avec des enfants, car cette situation leur renvoi à ce qu’ils vivent douloureusement comme un échec
▪ L’impossibilité de mettre au monde un enfant est vécue comme un drame ou une malédiction rendant la situation insupportable
▪ Tous les couples ne sont pas suffisamment solides pour surmonter cette épreuve difficile et certains d’entre eux se séparent.
La découverte de l’univers médical
▪ La découverte d’un univers médical très technique, déshumanisé ainsi que la pratique d’examens difficiles à effectuer amènent parfois certaines personnes à ne plus supporter ces démarches.
▪ Certaines femmes se rendent « à reculons aux rendez vous et effectuent ces examens dans des conditions psychologiques désastreuses.
▪ Affronter la toute puissance des médecins, des rendez vous au petit matin, l’annonce de résultats pas toujours effectuée avec la diplomatie requise, ne rassurent pas les couples déjà très angoissés par ces épreuves.
▪ Les difficultés de ces bilans sont parfois insurmontables : l’atteinte à l’intimité finit par ne plus être acceptable, se masturber dans un « cagibi » à 8 heures du matin, faire l’amour sur commande à une heure précise, subir des examens sans discontinuité, se faire examiner par des inconnus, attendre cuisses ouvertes dans une salle, son mari se masturbant dans la pièce d’à coté… sont des situations très éprouvantes.
L’importance de la dimension psychologique
Il est impossible aujourd’hui d’aborder le problème de la fertilité et de la stérilité sans en évoquer la dimension psychologique.
Rappelons que selon certaines études près de 15 à 20 % des causes de stérilité soit environ une sur 5 ont une origine inexpliquée d’un point de vue médicale . Cette année 2012 : 36 % de plus que l’an dernier de couples infertiles ont été recensés :(Crise, stress, problème d’emploi)
Bien que les causes organiques d’une infertilité soient retrouvées dans environ plus de 80% des situations, il n’est plus possible aujourd’hui de séparer l’organique et ses causes médicales bien réelles de l’état psychologique.
Comme dans toutes les maladies, l’état psychologique intervient d’une façon ou d’une autre et plus particulièrement dans cette problématique que représente la difficulté à avoir un enfant.
Il est nécessaire de comprendre et d’accepter qu’en dehors d’un problème médical, une autre problématique intervient le plus souvent dans les problèmes rencontrés par les couples éprouvant des difficultés à avoir un enfant.
Le cas de femmes n’ayant pas réussit à avoir d’enfant après plusieurs FIV décidant d’adopter et tombant enceinte naturellement quelques mois plus tard est caractéristique de ce que les médecins et les « psys » appellent le « lâcher prise ».
D’autre part, la pratique de FIV qui permet à de nombreux couples d’avoir un enfant a des répercussions psychologiques qu’il faut connaître et dont les partenaires doivent tenir compte.
▪ Il faut réussir à prendre en compte la dimension psychologique du problème de la stérilité que la médecine, devenue très technique, met peut être parfois trop de coté sans pour autant remettre en question les progrès scientifiques exceptionnels qui permettent à des couples d’avoir un enfant
▪ Une personne souffrant d’un problème de stérilité possède son histoire et ses propres souffrances qui peuvent intervenir dans le processus de cette difficulté .
De nombreux psychanalystes se demandent même si ces souffrances ne peuvent pas être à elles seules, dans certains cas, l’origine des problèmes de la difficulté à avoir un enfant.
Mais pour aider davantage les femmes et les hommes tentant d’avoir un enfant , les médecins et les membres du corps médical doivent être à leur écoute et leur consacrer suffisamment de temps pour les laisser s’exprimer et évacuer leurs angoisses, situation malheureusement pas toujours compatible avec la surcharge de travail.
Rôle thérapeutique du « psy »
▪ Préparer les partenaires à comprendre qu’ils vont effectuer un chemin long et difficile, qu’ils risquent d’y avoir de nombreuses déceptions…
▪ Repérer les problèmes psychologiques sous-jacents qui peuvent apparaître comme la peur inconsciente de la grossesse, la crainte de revivre des conflits anciens….les traumatismes engendrés par les peurs de redonner aux futurs enfants les mauvais traitements parfois subis par nos propres parents…
▪ Repérer les conflits dans le couple qui risquent de s’aggraver lors des examens et de ce long parcours
▪ Aider le couple à faire face à l’éventuel échec.
▪ Préparer le couple à envisager d’autres possibilités comme l’adoption par exemple
▪ Organiser des thérapies de couples en groupes de six.
▪ Proposer l ’EMDR et le Rebirth lorsque cela est necessaire.
Article rédigé par Valérie GRUMELIN HALIMI, auteur du livre « mon corps me dit ». Psychotherapeute à Paris. Pour en savoir plus : www.valeriegrumelin.com et www.holidayinhealth.com